Loup gris dit "dernier loup tué dans l'Yonne"
Canis lupus Linné 1758
Mort en 1887
Voici l’un des derniers loups tués dans l’Yonne.
Le 6 janvier 1887, des chasseurs organisèrent une battue au loup dans les bois de Santigny. Jean Barrois abattit un loup mâle de 35 kg. Deux jours plus tard, une vieille louve fut tuée dans le même bois.
Ces deux loups seraient les derniers tués dans l’Yonne ; cette année-là, 900 loups au total furent abattus en France.
Depuis 1797, l’État français encourageait la destruction des loups par une prime versée pour chaque loup tué. En août 1882, une loi avait ordonné la destruction totale des loups par battues, piégeage et empoisonnement. Pour encourager la chasse au loup, cette loi augmentait le montant des primes et accélérait leur versement. Jean Barrois toucha effectivement une prime, comme l'indiquent les archives disponibles.
Mais l'histoire de notre loup ne s'arrête pas là. Paul Philipot, détenteur du droit de chasse sur ce terrain, fit naturaliser le loup mâle dans une position menaçante et le conserva chez lui de longues années. Dans les années 1980, ce loup naturalisé fut donné au Muséum d'Auxerre.
Il est toujours difficile de dire quand une espèce ou une sous-espèce s’éteint. Plusieurs loups ont été qualifiés de « dernier loup français » (1937, 1940…). On sait que dans la décennie 1930, il ne restait plus assez de loups pour que l’espèce se reproduise en France : elle a disparu du territoire dans les années 1940.
Lorsque des loups gris ont été observés dans les Alpes en 1992, la question s'est posée : loups gris de France dont la population serait restée inobservée ou loups venus d'Italie ? Pour trancher, des chercheurs ont voulu comparer leur ADN avec celui des loups de la sous-espèce française disparue : seuls témoins, les loups naturalisés des musées ! Notre loup a participé à cette étude : un échantillon de poils a été analysé.
Conclusion : les loups présents en France depuis 1992 sont d'origine italienne. Le loup gris français est, lui, éteint.
Ce loup est précieux : c'est l'une des dernières traces de la présence de cette sous-espèce disparue. Il a été restauré en 2013 avec l'aide financière de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté.
Le Muséum d’Auxerre possède deux autres loups gris du XIXème siècle, dont l’histoire n’est pas connue.